Des chiffres alarmants sont publiés à propos de ce fléau, une épidémie. Quelle femme n’a pas autour d’elle une mère, une sœur, une amie, qui en est ou en a été, atteinte ?
Personnellement, j’y ai été confrontée, il y a de nombreuses années, par ma mère atteinte sur un sein puis sur l’autre, jusqu’à l’invasion des cellules cancéreuses dans tout son corps. Dix ans de souffrance, d’espoir et de désespoir. Puis ensuite ce fut le tour de ma tante, la sœur de mon père, qui choisit, contrairement à ma mère, des traitements naturels, sans chimie, et le résultat fut… le même. Cancer du sein sur les deux lignées, je me suis sentie cernée. Et c’est arrivé, comme une fatalité, il y a bientôt 3 ans. Lors d’un nouveau contrôle, sur une grosseur diagnostiquée jusque là sans aucun risque, avec une technique plus précise, l’échographie ductale, le verdict est tombé, et il est sans appel. Gravité 5/5 me dit le médecin en me serrant la main sur le pas de la porte au cas où je n’aurais pas tout à fait compris. Cela fait une explosion dans ma tête, me met le point sur le i. Je me retrouve seule, devant sa porte, le souffle coupé, je ne peux plus respirer. Je ne sais même plus où ma voiture est garée. J’erre dans cette ville inconnue comme une âme en peine avec le désespoir au fond de moi. « Tumeur », ce mot sonne comme un glas, résonne avec la mort « tu meurs », impossible à entendre, difficile à prononcer, encore plus à partager. Il me faudra quelques heures pour réaliser et me retrouver.
Il va falloir se « battre », « lutter contre la maladie », ce sont les mots que l’on entend souvent. Se battre contre quoi ? Contre soi ? D’instinct je sens que c’est faux, la maladie sera la plus forte, c’est elle qui aura le dernier mot. De plus, le cancer est fabriqué par mon corps, c’est le cerveau qui donne les ordres, c’est lui qui commande aux cellules cette prolifération anarchique et destructrice. Je ne veux pas me battre contre moi-même, je veux réfléchir, comprendre, accompagner, soigner en profondeur les parties de moi qui ne vont pas bien et qui se manifestent ainsi, écouter cette petite voix tout au fond de moi qui me montre la voie. Depuis longtemps, je me passionne pour comprendre les liens entre le corps et l’esprit. Je suis convaincue de cette interconnexion entre les deux réalités. C’est le moment de l’expérimenter. À l’école du Dr. Hamer, ce précurseur allemand, atteint d’un cancer, ainsi que sa femme, à la suite de la mort accidentelle de leur fils, Dirk, je cherche le sens de ma maladie. Qu’a t’elle à me dire ? Ce médecin, responsable d’un service de cancérologie, a révolutionné l’approche de cette maladie, créant une médecine nouvelle, à l’écoute des événements traumatiques survenus quelques temps avant l’apparition du cancer. Il déclare ainsi « j’avais cherché le cancer dans la cellule et je l’ai trouvé dans une erreur de codage au cerveau » (Genèse du cancer, Dr Rilke Geerd Hamer), il appellera cette localisation « foyer de Hamer. Il énonce ainsi la Loi d’airain du cancer :
« Tout cancer est déclenché par un Dirk-Hamer-Syndrom (DHS), c’est-à-dire à l’occasion d’un conflit aigu et dramatique, vécu dans un état d’isolement complet, et qui continue d’obséder le patient jour et nuit. La teneur subjective du conflit, c’est-à-dire la manière dont le patient le ressent, le jour sur lequel il se présente à lui au moment du coup de massue, détermine à la fois la localisation du cancer dans l’organisme et celle de la rupture de champ, du court-circuit qui se produit au niveau du cerveau, le foyer de Hamer. Il y a une corrélation exacte entre l’évolution du conflit, celle du cancer dans l’organisme et celle du foyer de Hamer dans le cerveau ». (Genèse du cancer p13)
Selon lui, l’ensemble du métabolisme est bloqué du fait que l’organisme est entièrement occupé à sortir vainqueur du conflit. Plus il met du temps à vaincre son adversaire, plus il se ruine lui-même. C’est aussi simple que ça.
Forte de ces convictions que je partage et étudie depuis le cancer de ma mère, je pars à la recherche de ce conflit inconscient, bien sûr, dramatique, que j’ai vécu dans la solitude complète. Je laisse résonner aussi la question du Dr Eduard Van den Bogaert, disciple du Dr Hamer, « Tu meurs ou tu es en vie ? Véronique, qu’as tu envie de faire et que tu ne fais pas ? » Et la réponse fuse, sans que j’ai le temps de la censurer, je suis bousculée, mes peurs réveillées, mes désirs révélés. Provocante, cette question va me mettre en chemin de guérison du corps et de l’esprit.
C’est une recherche passionnante, douloureuse parfois, aidée par des personnes compétentes qui vont m’accompagner avec patience et délicatesse dans les arcanes cachées, obscures et complexes de ma vie. Un bond en avant, je tiens un carnet de bord où j’écris : « Le cancer ce n’est pas la fin du monde (même si sur le moment ça y ressemble…) mais la fin d’un monde, celui de la tranquillité d’esprit, c’est la conscience de la mortalité. » Cancer du sein, cancer du nid, des nids, selon la classification de Hamer, j’interroge donc les nids de ma vie et mes envies cachées.J’interroge cette petite boule, ce boulet qui est, finalement, à l’image de ma perception de mon arrivée sur terre, à un moment inattendu et inapproprié. Prises de conscience, larmes, lâcher prise, je suis éclairée sur le chemin en quête de vérité. Je suis éclairée par celles qui ont fait le chemin avant moi, Marie Mandy et son documentaire « Mes deux seins, journal d’une guérison », et aussi « Pont de verre » d’Anne Barth. Ces femmes m’enseignent par leur courage, leur authenticité et leur simplicité à témoigner. Cela m’éclaire aussi sur l’importance de la psychogénéalogie, qu’est-ce qui se transmet dans cette lignée des femmes ? Et je vais faire mon Arbre, accompagnée par Judith et Eduard. Parallèlement à cette recherche intérieure, je choisis l’ablation chirurgicale de la tumeur, chirurgie qui, à quelques 3 millimètres près, va préserver mon sein (l’ablation se fait à partir d’une tumeur de 2 cm). Après avoir digéré la gravité à 5/5, que j’ai confondu avec le grade et qui veut juste dire qu’il s’agit bien d’un cancer, je vais prendre tout le temps dont j’ai besoin pour décider chaque étape en conscience, après tout, il s’agit de mon corps et je le connais mieux que personne ! Je pense que l’urgence n’est pas bonne conseillère. Je dois trouver un chirurgien qui opère sans biopsie car l’échographie ductale, technique de pointe rend superflue la biopsie. Le médecin responsable du centre a insisté sur ce point. La biopsie peut disséminer des cellules malades dans les parties saines du sein. Je consulte de nombreux chirurgiens de ma région et me heurte à leur refus. Ce n’est pas le protocole ! Ils connaissent mal l’échographie ductale et ne considèrent pas ses résultats suffisants. Il m’a fallu l’aide d’une amie, merci Hélène, pour trouver cette perle rare qui accepte de sortir du protocole. À la suite des analyses, je refuse le test indiquant si j’ai besoin de chimiothérapie car j’ai trop vu la destruction de ma mère au fil des mois. J’ai souvent dit que je ne savais pas si c’était le cancer qui l’avait tué ou les chimiothérapies. Il faut dire qu’à cette époque, elles étaient très agressives. Peut être que cela a évolué depuis. Plusieurs mois après, je décide de faire la radiothérapie, car sur un côté, il n’y a pas de marge de sécurité et je comprends le risque. Une amie m’apprend à enlever le feu et je n’ai aucune brûlure. Je suis très fière quand le chirurgien, au rendez-vous de contrôle, à la vue de mon sein sans aucune trace, malgré les semaines de rayons, me dit « vous, vous avez fait enlever le feu ! ».
Cette maladie va réconcilier en profondeur dans mon esprit les deux médecines, celle à base de chimie et d’interventions qui me paraissent agressives et celle à base de produits plus naturels comme l’homéopathie, les plantes et des interventions plus douces comme les massages, l’écoute et l’expression des émotions. Tout au long de ce parcours qui va durer 9 mois, je vais être accompagnée par des personnes formidables, le chirurgien, l’oncologue de l’hôpital, les soignants, l’homéopathe, la masseuse, des thérapeutes et plusieurs autres encore. Je suis pleine de gratitude pour la compétence et la bienveillance de chaque personne. A cela s’ajoute le soutien sans faille et l’amour de la famille et des proches.
À la fin de ce parcours de renaissance, se pose pour moi la dernière décision à prendre, le traitement anti hormonal, le Fémara, indispensable pendant 5 ans d’après les statistiques assenées par le corps médical, puisque j’ai un cancer hormono-dépendant. Décision difficile. L’oncologue me dit que si je ne le fais pas pour moi, je dois le faire pour mon mari, mes enfants et petits-enfants. Culpabilité. 5 ans, c’est long, j’hésite. Je suis informée des effets secondaires possibles et fréquents, douleurs (il y a les antalgiques me dit la charmante oncologue !), pertes osseuses aussi. De plus, il faut un minimum de 2 ans rajoute le chirurgien, sinon, cela ne sert à rien. 2 ans ! Vais-je tenir ?
J’en suis là dans mes réflexions quand une grave chute de vélo fracturant mon fémur vient les interrompre. Réparation du fémur ou prise du Fémara ? Quel humour ! Je dois choisir, les deux ne sont pas compatibles ! C’est ainsi que la décision a été prise. Sur ce jeu de mot. Et, à ma grande surprise, à chaque contrôle au centre du sein, la responsable me félicite de cette décision, compte tenu du cancer que j’ai eu et de la gravité des effets secondaires de ce traitement. J’en suis étonnée à chaque fois.
Aujourd’hui, je n’ai pas encore 3 ans de recul, c’est bien peu et je ne fais pas la fière car beaucoup de choses m ‘échappent. Je peux juste dire que cette maladie m’a éveillée, m’a conduite à faire de nombreuses prises de conscience, à faire des choix, à changer des choses en profondeur dans ma vie, à travailler autrement et à me libérer de certaines peurs qui empêchaient la vie de circuler. Je continue à prendre soin de moi pour passer « de la douleur à la douceur » titre du beau livre d’Agnès Stevenin. J’ai aussi eu la chance de participer au séminaire « Seinspathies » dans les eaux délicieuses de Montegrotto, près de Venise. Une invitation à renaître.
À toutes les femmes qui me liront, je transmets mes encouragements et mon soutien pour être à l’écoute de leur corps, même face à la pression médicale et aux statistiques redoutables, pour faire confiance à leur intuition féminine surtout dans le domaine du sein, organe féminin par excellence. Ecoutez la symbolique, apaisez les conflits, et faites vous aider.
Je suis disponible pour toutes questions, réflexions concernant cet article très personnel.
Véronique Callet.